2- Des tuteurs pour penser le monde

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À ce sujet certains penseurs issus de la philosophie des lumières nous indiquent une direction. Herbert Marcuse avance que ce qu’il appelle la « société industrielle avancée » crée des besoins illusoires qui permettent d’intégrer les individus au système de production et de consommation par le truchement des mass media, de la publicité et de la morale. A la question fondamentale, qui entraîne celui des moyens de la transformation sociale, Marcuse tente de répondre en réaffirmant tout d’abord les fondements biologiques , c’est à dire psycho-émotionnels, du socialisme et la nécessité d’une nouvelle sensibilité à dimension ludique, hédonique, esthétique en révolte contre la raison répressive et invoquant le pouvoir émancipateur de l’imagination. Il préconise l’éclosion des désirs, la transformation de la sexualité en Eros, l’abolition du travail aliéné et l’avènement d’une science et d’une technique et technologie nouvelles, qui seront au service de l’être humain. L’art semble ainsi être la voie la plus sûre de notre épanouissement. Il est pour une « liberté de jouer.» Il rappelle que la réalité devrait perdre de son caractère sérieux, pour donner plus de liberté à l’individu d’exploiter son potentiel imaginatif.

Cornélius castoriadis complète ce point de vue en expliquant que les sociétés hétéronomes sont celles qui se représentent leurs institutions et leurs valeurs comme indubitablement vraies et justes, estimant qu’elles possèdent un fondement absolu, celui-ci pouvant être Dieu ou les dieux, les Ancêtres, la Nature Humaine, ou encore, dans un registre plus contemporain, les « lois » de l’histoire ou de l’économie. Par opposition à une société hétéronome et à son « imaginaire », pour lesquelles les significations et institutions sociales sont posées comme indiscutables, une société autonome correspond pour Castoriadis à une société qui entame une dynamique « d’interrogation illimitée » sur ce que sont la justice et la vérité, à partir de la prise de conscience que toutes deux (justice et vérité) renvoient à des questions non susceptibles d’être résolues de manière définitive. Cette rupture, Castoriadis la rapporte à deux activités qu’il associe sans cependant les confondre: la philosophie, ayant pour objet la question de la vérité, et la politique, concernant la question de la justice. Une société est donc autonome si, sachant qu’elle est à l’origine de sa propre création, elle est capable de s’interroger en permanence sur la validité de ses institutions, de ses lois, de ses normes, et par suite, de les transformer. Liberté et égalité ne s’opposeraient donc pas mais seraient au contraire deux notions indissociables: on ne peut être dit libre, d’après Castoriadis, que si l’on n’est dominé par personne, si donc personne n’a plus de pouvoir que soi pour décider des règles communes qui nous concerneront.

Sur le plan culturel le concept d’unité dans la diversité est l’une des caractéristiques importantes de l’expérience communautaire. Il s’agit entre autres du holisme en écologie : Changer tout élément affecte à terme le système, changer le système affecte à terme tout élément. L’holisme ontologique est une conception selon laquelle un « tout » (organisme, société, ensemble symbolique) est plus que la somme de ses parties, ou autre qu’elle. Il faut rattacher à cette définition ce que l’on nomme « le principe d’émergence » : un « tout » n’est pas un simple agrégat. À partir d’un certain seuil critique de complexité, les systèmes voient apparaître de nouvelles propriétés, dites propriétés émergentes. C’est sur ces principes qu’Edgar Morin s’appuyant sur une vision cosmique de l’aventure humaine, où création et hasards jouent un rôle essentiel, propose une philosophie de la « condition humaine » qui devrait servir de fondement à « l’identité terrienne » de l’Humanité.

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