Catégorie : Annexe

Les collèges constituant un Démocrasite

  • 12-JEAN-FRANÇOIS NOUBEL : Le réseau holoptique

    12-JEAN-FRANÇOIS NOUBEL : Le réseau holoptique

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    Jean-François Noubel distingue :
    – l’intelligence collective originelle (celle des petites équipes (sportives notamment), des tribus)
    – l’intelligence collective pyramidale (celle des grandes équipes, entreprises, des civilisations qui débutent avec l’agriculture et instituent une hiérarchie rigide) 
    – l’intelligence collective globale (en réseau,cybernétique, souple, utilisant le Net pour communiquer et collaborer, privilégiant le leadership à l’autorité)

    Il ne faut pas opposer l’ancien système de l’intelligence pyramidale, mourant, à celui, naissant, de l’intelligence collective holomidale. J’entends tout le temps des gens dire que même s’il y a une innovation sociale indéniable, les outils demeurent le monopole des organisations à intelligence collective pyramidale, faites pour faire du profit et pour contrôler. Les gens qui disent cela opposent des systèmes politiques dans une vision intellectuelle des idéologies. Mes recherches se contentent d’observer l’évolution, pas d’argumenter si tel ou tel système politique devrait prévaloir. De manière pragmatique et concrète, on a une loi du vivant : tout nouvel écosystème doit pousser sur l’ancien. L’ancien, tout en rejetant le nouveau, lui offre les briques fondamentales ainsi que le compost issu de sa propre décomposition. Ses manifestations paroxystiques –plus de concentration des pouvoirs et de l’argent, plus de normalisation, etc– provoquent également une dynamique d’évolution pour ceux qui veulent s’extraire de cette matrice. Ainsi l’intelligence collective holomidale, en attendant de devenir un écosystème social autonome, pousse-t-elle sur le terreau de l’intelligence collective pyramidale. Il y a un processus fractal, complexe et non-linéaire.

     Ainsi ce collège transcrit l’expérience de jf Noubel dans ce nouveau contexte du parlement de quartier et développe un réseau spécifique Collaboratif pour les travaux universitaires, une grosse capacité de stockage et d’archivage, la réalisation du concept d’holoptisme pour l’agora électronique figurant le parlement de quartier et un plateau de diffusion multi-média.

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    Annex 12d

  • 11-PIERRE JC ALLARD : Le pragmatique de la pensée sociale

    11-PIERRE JC ALLARD : Le pragmatique de la pensée sociale

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    Pour Pierre jc Allard une Nouvelle Société se définit par une nouvelle façon de produire, de gouverner et d’offrir des services à la population. Elle ne découle pas d’une idéologie, mais est construite de façon empirique, pour répondre au besoin de mutation d’une société qui a maîtrisé l’industrialisation et atteint l’abondance, mais où se sont développées des malformations structurelles et des dysfonctionnements dont les signes les plus apparents sont la misère et la violence.

    Ce collège traduit dans l’esprit du quartier(ici) les prérogatives (là-bas) de Pierre jc Allard dans l’organisation sociale basée sur la plus importante expérience au Québec de ce type d’organisation connu.

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    Annex 11de

  • 10-MASANOBU FUKUOKA : La permaculture

    10-MASANOBU FUKUOKA : La permaculture

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    Microbiologiste de formation et spécialiste en phytopathologie, il travaille au Bureau des Douanes de Yokohama, à la Division de l’Inspection des Plantes. Rapidement, il commence à douter des progrès apportés par l’agriculture scientifique (dépendante du travail de la terre, des engrais et des pesticides chimiques), et démissionne alors de son poste. Il décide de retourner sur la ferme de son père, sur l’île de Shikoku. Dès lors, il consacre sa vie à développer une agriculture plus conforme à ses convictions, qu’il qualifiera d’agriculture naturelle. Ses recherches, inspirées de ses racines culturelles zen, taoïste, shinto, bouddhiste, vont dans le sens d’une unification spirituelle entre l’Homme et la Nature. À partir des années 1980, ses expériences rencontrent progressivement une reconnaissance mondiale, et il multiplie les conférences et les rencontres internationales. Sa ferme devient un lieu d’échange sur ses pratiques pour les experts et les curieux venus du monde entier.

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    Annex 10d

  • 9-JÉRÉMY RIFKIN : Nous explique ce qu’est le pouvoir transversal

    9-JÉRÉMY RIFKIN : Nous explique ce qu’est le pouvoir transversal

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    L’émergence d’une troisième Révolution Industrielle

    Elle nait d’une convergence des technologies de la communication (Internet/satellitales notamment) et des énergies renouvelables, propres et sûres. Dans son analyse prospective, Rifkin la juge nécessaire et urgente pour notamment répondre à la diminution de la production de pétrole et pour une transition vers un développement plus soutenable nécessitant une « économie décarbonée » (produisant moins de gaz à effet de serre). En effet, cette révolution serait fondée sur une production d’énergie non plus « centralisée », mais « distribuée », l’énergie circulant dans le réseau de manière « intelligente », un peu comme l’information circule dans l’Internet. Ce collège a en charge d’intégrer les initiatives publiques et privées de production d’énergie renouvelable dans un schéma global de mozaïques de quartiers au sens de Bernard Charbonneau.

    Jérémy Rifkin: http://www.latroisiemerevolutionindustrielleennordpasdecalais.fr/jeremy-rifkin/

     

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    Annex 9d

  • 8-PIERRE RABHI : Les éco-systèmes

    8-PIERRE RABHI : Les éco-systèmes

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    Le collège incarnant La guilde des  jardiniers magiques.

    Travaille à la réintroduction d’éco-systèmes dans les zones urbaines et intermédiaires. Pierre Rabhi fonde l’association “Colibri” en 2006 et lance le “Mouvement pour la Terre et l’Humanisme” Pour Pierre Rabhi le dictionnaire donne deux définitions à la culture, la première : actions de cultiver la terre, ensemble des opérations propres à tirer du sol les végétaux utiles à l’homme et aux animaux domestiques. La seconde : développement de certaines facultés de l’esprit par des exercices intellectuels appropriés. De ces deux principes, il semble que le monde moderne ait surtout retenu et exalté le second. Par exemple, dans la rubrique « Culture » des journaux se trouvent rassemblées les activités ayant trait à l’érudition, les connaissances abstraites ou les expressions artistiques : littérature, théâtre, musique, cinéma, peinture, sculpture…etc. La culture est de cette façon élevée au rang des créativités sublimées de l’esprit et regroupant en une sorte de phalanstère les créateurs qui constituent une catégorie sociale vouée à un magistère spécifique. Ce magistère les place hors des contingences matérielles tangibles auxquelles la société doit se confronter.

    Pierre Rabhi : http://www.pierrerabhi.org/blog/

     

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    Annex 8d

  • 7-LAURENT GERVEREAU : Du Global au Local

    7-LAURENT GERVEREAU : Du Global au Local

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    Le collège de la Jubilation: Il travaille conjointement avec le collectif d’artistes à l’élaboration d’actions artistiques. Ce collège réfléchit aussi aux travaux de Guy Debord, essayiste, cinéaste et révolutionnaire français. C’est lui qui a conceptualisé la notion sociopolitique de « spectacle », développée dans son œuvre la plus connue, La Société du spectacle (1967). Debord a été l’un des fondateurs de l’Internationale lettriste (1952-1957) puis de l’Internationale situationniste (1957-1972), dont il a dirigé la revue française. Laurent Gervereau est un artiste, écrivain et philosophe né en France en 1956. Il a consacré sa vie professionnelle à la recherche sur le monde des images en fondant une discipline (l’histoire du visuel ou « histiconologia ») Ses activités publiques datent du tout début des années 1970 où il expose ses œuvres picturales à côté de surréalistes historiques (Alfred Courmes, Clovis Trouille, le surréalisme en Belgique et à Prague, Mirabelle Dors et Maurice Rapin), notamment au théâtre du Ranelagh. Il se forge une conception du monde héritée des libertaires du XIXe siècle et est proche de l’Internationale situationniste. Il devient membre du Collège de ‘Pataphysique avant son occultation.

    * L’histoire du visuel (Visual History ou Histiconologia de son nom savant) aurait pu s’appeler “histoire des images”. Un de ses principaux promoteurs (Laurent Gervereau) a en effet écrit une histoire générale des images et une collection de livres a été créée chez Gallimard en 1996 sous le titre Le Temps des images. Cependant, dans le monde, la définition du mot “images” est souvent floue et se réfère parfois uniquement aux “images secondes”, c’est-à-dire aux reproductions, aux reflets (la figuration d’un tableau et non l’objet unique lui-même : le tableau). Le mot “visuel” correspond, lui, à l’ensemble de la production visuelle humaine et est ainsi plus large, englobant tous les aspects créatifs (les “arts”), comme tous les emplois et la multiplication industrielle des images sur tous supports, “images fixes” ou “images mobiles”. L’objet de cette science est donc l’étude de toutes les productions visuelles humaines depuis la préhistoire. Conduisant à d’infinies recherches sectorielles et comprenant les spécificités de l’art, elle entend appréhender un champ global.

    Aujourd’hui, la prise en compte de toutes ces méthodes et le fait de considérer l’ensemble des productions visuelles s’imposent parce que sont réunis sur le même écran des émanations de toutes les époques, de tous les supports, de toutes les civilisations. La transformation du territoire oriente de facto la transformation du champ scientifique. Il devient en effet pédagogiquement urgent de donner des repères aux enfants comme il devient scientifiquement indispensable de « qualifier » ce que nous voyons, de savoir quoi est quoi, donc de bâtir une histoire générale de la production visuelle humaine. Président de l’Institut des images, Laurent Gervereau publie un ouvrage appelé à faire date. Il a réuni une équipe d’une qualité exceptionnelle, qu’il s’agisse d’artistes et d’intellectuels confirmés ou de brillants jeunes chercheurs, autour d’un concept d’image. On sait que l’on considère que, depuis les dernières années du XXe siècle, l’humanité est entrée dans ce qu’on appelle l’ère des images. La somme présentée par Gervereau est dans la ligne des travaux qui ont apporté depuis vingt-cinq ans une contribution de premier ordre à l’objectif Voir, comprendre, analyser les images, titre d’un ouvrage précédent de l’historien (La Découverte, première édition en 1994), et s’inscrit dans sa réflexion sur un nouvel objet de la culture humaine, le visuel, auquel il a également consacré un volume (Histoire du visuel au XXe siècle, « Points histoire », Le Seuil, 2000). (…) Aujourd’hui nous serions entrés avec en particulier Internet dans l’« ère du cumul » et cet ouvrage semble être la première tentative globale pour pénétrer dans ce nouveau domaine de l’image mondialisée et globalisée. »

    Laurent Gervereau : http://www.gervereau.com/

     

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    Annex 7bcd

  • 6-BERNARD CHARBONNEAU : Culture = Agriculture

    6-BERNARD CHARBONNEAU : Culture = Agriculture

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    C’est aussi le collège De l’initiative de transition de Rob Hopkins

    Ce qui a jusqu’ici manqué au mouvement écologique, c’est moins un but à long terme qu’un chemin pour l’atteindre; il entrevoit vers quoi se diriger, mais voit moins bien comment. S’il sait vers quoi se diriger, trop souvent son programme se réduit à un catalogue de désirs et de rêves, illustré de quelques gadgets verts. Une politique agricole pourrait lui donner ce poids de réalité qui lui manque. Un programme qui n’est pas une affiche de propagande a forcément pour fonction d’assurer la transition : le passage entre le passé et l’avenir; or la politique agricole est précisément le domaine ou il s’opère tout naturellement : la transformation immédiate des pratiques où l’agriculture biologique aurait son mot à dire y est inséparable de la révolution des structures politiques et sociales.(Charbonneau 1991, 184-5)

    Ce modèle a pour but d’aider les personnes intéressées à faciliter la transition de leur communauté en leur proposant une base sur laquelle s’appuyer pour entamer le processus. Il existe aujourd’hui plus de 250 initiatives locales de Villes et communautés en Transition (voir leur site villesentransition.net; on parle en France de Territoires en Transition afin de pouvoir utiliser l’abréviation TT des Transition Towns) dans une quinzaine de pays et la liste s’allonge presque chaque semaine. La Transition comme mouvement constitue sans doute la plus prometteuse des « réactions des sociétés face aux défis posés par Bernard Charbonneau », répondant notamment à son souhait d’une « internationale des provinces et des villages »(Charbonneau 2009, 189), des communes et des quartiers (Charbonneau 1991, 173) contre la liquidation productiviste de la nature et de la liberté qui s’y conjoignent au mieux. Une vision sans action n’est qu’un rêve; de l’action sans vision ne fait que passer le temps; la vision conjuguée à l’action peut changer le monde.(Hopkins 2010)

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    Annex  6c

  • 5-PAUL ARIÈS : Directeur de conscience de la simplicité heureuse

    5-PAUL ARIÈS : Directeur de conscience de la simplicité heureuse

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    Ce collège travaille sur la désaliénation à la société de consommation.

    Paul Ariès est l’un des acteurs de la lutte anti-sectes, cherchant en particulier des liens entre celles-ci et la mondialisation capitaliste mais aussi avec l’extrême droite. Il expose notamment dans « la Scientologie laboratoire du futur », la proximité entre ce groupe et le fonctionnement des grandes sociétés transnationales (site UNADFI). Il considère que les sectes sont autant un danger pour la démocratie que pour les individus. Il condense sa pensée en expliquant que les sectes ne sont pas un cancer sur un corps sain mais les métastases d’une société malade. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages concernant les « méfaits de la mondialisation » et l’un des acteurs des grands mouvements sociaux de ces quinze dernières années : lutte contre la « malbouffe » et la « McDonaldisation », lutte contre le harcèlement au travail, lutte contre l’« agression publicitaire », lutte contre la Disneylandisation, lutte contre la TV-réalité, lutte contre les sectes et contre l’extrême droite, lutte pour l’objection de croissance, etc. Parmi ses livres, on trouve aussi Libération animale ou nouveaux terroristes ? (paru chez Golias en 1999), où il accuse le mouvement antispéciste de « saboter l’humanisme », de faire du « terrorisme », tout en critiquant les sévices subis par les animaux.

    Paul Ariès lance en octobre 2006 un Manifeste pour une grève générale de la consommation (in No Conso, Golias, 2006) conçu comme un mouvement social. Il oppose à la figure du consommateur celle de « l’usager maître de ses usages » et du citoyen.

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    Annex 5cd

  • 4-RENÉ DUMONT : L’utopie ou la mort !

    4-RENÉ DUMONT : L’utopie ou la mort !

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    Le collège de pensée de la géopolitique de l’espoir. Il épouse la courbure de la pensée englobante de René Dumont sur l’état de la planète. Dénonce les dégâts issus de la Révolution verte et lutte contre l’agriculture productiviste La politique écologique française fondée par Dumont est contre la guerre, contre le capitalisme, pour la solidarité entre les peuples et prenant en compte le monde sous-développé.

    René Dumont considérait que le développement n’était pas un problème d’argent, d’engrais ou de semences, mais plutôt la résultante d’un équilibre entre les trois. Il soutenait que les relations entre hommes et leurs champs reposaient essentiellement sur les relations existantes entre les hommes eux-mêmes, les relations sociales constituant les bases sur lesquelles reposent une agriculture et un développement industriel de qualité. Enfin, il considérait que les piliers soutenant de bonnes relations sociales entre les hommes reposaient sur de bonnes relations entre les hommes et les femmes. Il affirmait ainsi sa croyance en l’importance de l’émancipation de la femme dans le cadre du contrôle démographique.

    Dumont a été un des premiers à expliquer les conséquences de ce qui ne s’appelait pas encore la mondialisation : explosion démographique, productivisme, pollution, bidonvilles, fossé grandissant entre pays du Sud et pays du Nord. Il fut également le premier à utiliser le mot développement durable.

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    Annex 4d

  • 3-THÉODOR W. ADORNO : Critique des media

    3-THÉODOR W. ADORNO : Critique des media

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    Ce collège étudie Adorno avec Marshal McLuhan, Pierre Bourdieu et Roland Barthes

    ADORNO écrit “Dialectique de la Raison”: Le livre éclaire le processus logique et historique par lequel les Lumières sont conduites à se transformer en leur contraire, le mythe ou la barbarie, dont elles prétendent s’émanciper, au lieu d’œuvrer pour une société plus humaine. Les auteurs cherchent en même temps les conditions de possibilité pour le sauvetage du projet des Lumières dans un contexte où la civilisation dans son ensemble est menacée à l’échelle planétaire.

    Pour ADORNO l’œuvre d’art traduit des contradictions et les élève à leur sens, non en décrivant des situations mais en assumant une forme contradictoire. Adorno analyse le sens du silence dans le théâtre de Beckett : faire signifier l’absence de sens pour montrer un monde dont le sens s’est absenté. C’est la forme qui est signifiante et non le contenu qui est montré. L’œuvre d’art doit donc viser l’autonomie et dans le même temps, sa formalisation est porteuse des contradictions sociales : « L’ambiguïté des œuvres d’art, à la fois autonomes et phénomènes sociaux, fait facilement osciller les critères. » : c’est en tant qu’elles sont autonomes qu’elles sont le mieux des phénomènes sociaux et quand elles sont des phénomènes sociaux, elles sont poussées vers l’autonomie. « Ce qui est social dans l’art, c‘est son mouvement immanent contre la société et non pas sa prise de position manifeste. ». Nous sommes donc renvoyés à l’impact de l’œuvre sur le réel et là encore, l’œuvre est prise dans une contradiction. L’œuvre est prise dans une contradiction entre sa puissance de contestation et sa puissance d’affirmation, de légitimation du monde. Et de fait, pour Adorno, l’œuvre d’art est toujours une évocation de ce qui n’est pas. Par son pouvoir d’évoquer l’absence, elle est en rupture avec ce qui existe. « Dans toute œuvre authentique, apparaît quelque chose qui n’existe pas. », ou plus loin : « La réalité des œuvres témoigne de la possibilité du possible. »

    Pour Marshall McLuhan “Le médium, c’est le message”

    En une phrase, le penseur voulait souligner l’importance du canal de transmission, bien avant l’information qu’il transmet, dans la construction de la réalité sociale. Selon lui, la technologie, par l’usage que l’on en fait, vient forcément modifier nos façons de penser, de réfléchir et donc notre façon de concevoir notre environnement, notre rapport aux objets, aux autres, au monde… Père conceptuel du «village global» Il était un précurseur, le premier à avoir construit une théorie, une pensée dynamique sur les technologies, leur usage et leur impact sur les comportements humains», avec les risques que cela a comportés en son temps.  « Médium chaud, médium froid », « Le médium, c’est le message », « Village global », toutes ces expressions que le langage courant a retenu des travaux de McLuhan sont d’abord le fruit d’une réflexion visionnaire, parfois contestée, souvent originale, sur la nature des médias. L’originalité de Marshall McLuhan ne tient pas seulement à sa définition du mot « média », qui comprend désormais tous les prolongements technologiques de l’homme. Elle vient aussi de la vision globale qu’il propose de nos sociétés technologiques et qui devait marquer un jalon important dans l’étude de la civilisation humaine. Dans les années 1960, Marshall McLuhan prévoit déjà à quoi ressemblerait le monde médiatique qu’a été celui de l’an 2000. Toutefois, même dans les sociétés démocratiques ouvertes d’aujourd’hui, le problème épistémologique de la compréhension demeure entier : pour qu’il puisse y avoir compréhension entre des hommes de structures de pensée différentes, il faut pouvoir passer à une méta-structure de pensée qui comprenne les causes de l’incompréhension des unes à l’égard des autres et qui puisse les dépasser. Comprendre les médias peut ainsi contribuer à la compréhension entre les humains. La connaissance des problèmes clés du monde, si aléatoire et difficile soit-elle, doit être tentée sous peine d’infirmité cognitive. C’est dans cet esprit qu’il faut relire ses travaux sur les médias devenus le cri de guerre contre les chantres des idéologies classiques qui séparent, d’une part, les sciences physiques et technologiques, et d’autre part, les sciences humaines et sociales. Comme l’écrivait Marcel Mauss, il faudrait se garder d’une erreur, celle qui consisterait à « ne considérer qu’il y a technique que quand on a instrument, alors que le corps est le premier et le plus naturel instrument de l’homme ». Il n’a pas été évident, pour les « sciences » habituées à tout fragmenter, de se faire dire que « le message, c’est le médium » ; c’est-à-dire que les effets d’un média sur l’individu ou sur la société dépendent, de façon primordiale, du changement d’échelle spatio-temporelle, de la vitesse ou des modèles qu’il provoque dans les affaires humaines. Cette maxime, probablement la plus célèbre de McLuhan, signifie que « la technologie des échanges par les médias qui transportent de la matière/énergie et/ou information ; quoiqu’elle véhicule, elle nous fait changer » Relire Pour comprendre les médias, près d’un demi-siècle après sa parution, c’est s’étonner de la vivacité de certaines propositions de McLuhan : les médias considérés comme des prolongements technologiques de l’homme, la nécessité d’une vision globale, la crise de la spécialisation et des grands systèmes… Mais comme pour tous ceux qui se risquent à l’exercice de la prévision et de la prospective, les analyses de McLuhan connaissent aussi des ratés. Il faut prendre McLuhan pour ce qu’il est : un homme qui a eu des intuitions extraordinaires, mais qui a aussi raconté des sottises. Par exemple, la classification des médias en « chauds » et « froids » n’est pas pertinente. Les médias devraient être classés en tenant compte des sciences cognitives, les nouvelles sciences du cerveau/esprit pour pouvoir étudier les prolongements technologiques de notre système nerveux.  Les propos de Marshall McLuhan nous mènent tout droit au point  de vue de Régis Debray au travers de la médiologie. La démarche médiologique entend surmonter l’opposition habituelle entre technique et culture. Elle étudie les soubassements matériels du monde spirituel et moral (idéologies, croyances…) ainsi que les effets des innovations techniques sur notre culture et nos comportements. « Dans médiologie, « médio » ne dit pas média ni médium mais médiations, soit l’ensemble dynamique des procédures et corps intermédiaires qui s’interposent entre une production de signes et une production d’événements. »  Plutôt qu’aux processus de communication (circulation dans l’espace), elle s’intéresse aux phénomènes de transmission (au sens de transmission d’un patrimoine) : comment une idée prend-elle corps et dure-t-elle dans le temps long ? Comment l’apparition d’une technique (moyen de transport, moyen d’écriture ou d’enregistrement) modifie-t-elle durablement les mentalités, les visions du monde, le rapport à l’espace ou au temps, les comportements d’un groupe humain ? Mais aussi quelle est l’influence d’une culture sur l’adoption et l’adaptation d’une nouvelle technique ?

    * Régis Debray, né le 2 septembre 1940 à Paris, est un écrivain, haut fonctionnaire et universitaire français, promoteur de la médiologie.

    Pierre Bourdieu: Œuvre aux filiations complexes

    Bourdieu est l’héritier de la sociologie classique, dont il a synthétisé, dans une approche profondément personnelle, la plupart des apports principaux. Ainsi de Max Weber, il a retenu l’importance de la dimension symbolique de la légitimité de toute domination dans la vie sociale ; de même que l’idée des ordres sociaux qui deviendront, dans la théorie bourdieusienne, des champs. De Karl Marx, il a repris le concept de capital, généralisé à toutes les activités sociales, et non plus seulement économiques. D’Émile Durkheim, enfin, il hérite un certain style déterministe (principe de causalité) et, en un sens, à travers Marcel Mauss et Claude Lévi-Strauss, structuraliste. Il ne faut pas, toutefois, négliger les influences philosophiques chez ce philosophe de formation : Maurice Merleau-Ponty et, à travers celui-ci, la phénoménologie de Husserl ont joué un rôle essentiel dans la réflexion de Bourdieu sur le corps propre, les dispositions à l’action, le sens pratique, l’activité athéorique : c’est-à-dire dans la définition du concept central d’habitus. Par ailleurs, Wittgenstein, cité dès “Esquisse d’une théorie de la pratique” en 1971, est une source d’inspiration importante pour Bourdieu, en particulier dans sa réflexion sur la nature des règles suivies par les agents sociaux. Enfin, Bourdieu a placé, à la fin de sa vie, sa sociologie sous le signe de Pascal : « J’avais pris l’habitude, depuis longtemps, lorsqu’on me posait la question, généralement mal intentionnée, de mes rapports avec Marx, de répondre qu’à tout prendre, et s’il fallait à tout prix s’affilier, je me dirais plutôt pascalien”.

    Roland Barthes: Au cours des années 1950, dans Mythologies (Seuil, 1957), Roland Barthes s’exclamait : « (…) une de nos servitudes majeures : le divorce accablant de la mythologie et de la connaissance. La science va vite et droit en son chemin ; mais les représentations collectives ne suivent pas, elles sont des siècles en arrière, maintenues stagnantes dans l’erreur par le pouvoir, la grande presse et les valeurs d’ordre. » (Barthes 1957 : 72-73) Dans ce livre majeur, il décrit des mythes aussi divers que la Citroën DS, le catch, le vin, le visage de Greta Garbo, le steak-frites et le discours colonial français. Mais il analyse également le phénomène même du mythe. En dernière analyse, la doxa propagée par le mythe, pour Barthes, est l’image que la bourgeoisie se fait du monde et qu’elle impose au monde. La stratégie bourgeoise est de remplir le monde entier de sa culture et de sa morale, en faisant oublier son propre statut de classe historique : « Le statut de la bourgeoisie est particulier, historique : l’homme qu’elle représente sera universel, éternel ; (…) Enfin, l’idée première du monde perfectible, mobile, produira l’image renversée d’une humanité immuable, définie par une identité infiniment recommencée. » (Barthes 1957 : 250-251)

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    Annex 3b3