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Bernard Charbonneau pourrait aussi bien évoquer les grandes lignes de la permaculture quand il soutient que « l’agriculture peut résoudre les contradictions de la société industrielle ». Rétablir une agriculture, cela implique que l’essentiel du secteur agricole et forestier soit rendu à des paysans pratiquant la culture (et non l’exploitation) non épuisante des sols sans nuire à la nature et à la qualité. Cela suppose que la priorité soit accordée au machinisme léger sur le lourd, au procédé naturel sur la chimie, à la polyculture sur la monoculture épuisante. Et que le paysan vivant sur et de sa terre, ni trop petite ni trop grande, remplace le prolétaire ou le capitaliste de l’exploitation agrochimique. Un avenir plus pauvre en pétrole pourrait, si l’on y consacre à l’avance assez de réflexion et d’imagination, être préférable à notre présent. Un futur plus sobre en énergie et plus résilient ne signifie pas forcément de jouir d’une qualité de vie inférieure à celle du présent. Au contraire, il faut aider les campagnes et les pays à revivre », sur la base « d’une autre technologie, plus légère, qui utiliserait l’eau sans la souiller, » à l’exemple des « moulins qui contribuent à l’agrément et à la stabilité des cours d’eau ». Une telle industrie aurait l’avantage de peupler l’espace en utilisant plus de main d’oeuvre et l’on aurait mis fin à cette schizophrénie du travail et du loisir qui dissocie l’homme
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L’approche de Transition est « motivée par l’espoir, l’optimisme et l’action préventive ». La route infinie commence à nos pieds nous dit Charbonneau.
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Adorno lui, critique très sévèrement ce qu’il appelle l’industrie culturelle, il l’accuse de complicité dans la formation de la personnalité autoritaire. Il part de l’hypothèse selon laquelle les convictions politiques, économiques et sociales d’un individu forment un modèle cohérent, comme si elles étaient reliées par une mentalité ou un esprit qui est l’expression profonde de sa personnalité. Il cherche à comprendre comment certaines structures mentales conduisent à la formation de cette personnalité autoritaire, qui contient potentiellement le germe du fascisme. La véritable cause de l’antisémitisme qui n’est qu’un leurre interchangeable est dans une forme de paranoïa, une forme de projection morbide qui conduit le sujet à attribuer à son objet ses propres pulsions tabous, et à les sacrifier, en même temps que cette haine dissimule une aspiration secrète. Tel est le mensonge du fascisme. Sous la pression économique, le système hallucinatoire devient une norme. La paranoïa un délire de masse véhiculé par les média. Pourquoi l’humanité, au lieu de s’engager dans des formes humaines, sombre dans une nouvelle forme de barbarie ? En tâchant d’expliquer la disposition des masses à se laisser fasciner par le despotisme, en expliquant le processus d’« autodestruction de la raison » et de « régression vers la mythologie » Adorno revisite la pensée des lumiéres jusqu’a la transformation sociale dans la société technologique.
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Pour Cornélius Castoriadis il ne peut pas y avoir de vie sociale qui n’accorde une importance centrale à l’environnement dans lequel elle se déroule. l’écologie peut très bien être intégrée dans une idéologie néo-fasciste. Face à une catastrophe écologique mondiale, par exemple, on voit très bien des régimes autoritaires imposant des restrictions draconiennes à une population affolée et apathique. L’écologie correctement conçue ne fait pas de la nature une divinité. La religion projetait sur les puissances divines des attributs essentiellement anthropocentriques, et c’est précisément en cela qu’elle donnait sens à tout ce qui est. Mais en même temps elle rappelait à l’homme sa limitation, elle lui rappelait que l’Etre est insondable et non maîtrisable. Or une écologie intégrée dans un projet politique d’autonomie doit à la fois indiquer cette limitation de l’homme, et lui rappeler que l’Etre n’a pas de sens, que c’est nous qui créons le sens à nos risques et périls. L’écologie est subversive car elle remet en question l’imaginaire capitaliste qui domine la planète. Elle en récuse le motif central selon lequel notre destin est d’augmenter sans cesse la production et la consommation.
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Les péres de la subversion, Karl Heinrich Marx le sociologue, Carl Gustav Jung l’alchimiste, Karl Polanyi l’antropologue
Selon eux,
Du point de vue économique, la terre est d’abord un facteur de production, et les politiques foncières un moyen au service des politiques agricoles : il s’agit de favoriser les exploitations considérées comme efficaces. Les travaux de recherche en économie convergent pour reconnaître les performances de l’agriculture familiale: il n’y a que peu d’économies d’échelles en agriculture, les performances économiques sont souvent en relation inverse avec la taille de l’exploitation. Elle seule permet d’optimiser l’utilisation des ressources tout en distribuant les revenus en milieu rural. Dans la plupart des cas, seules les fortes distorsions dans l’accès à la terre, au crédit, aux marchés expliquent la supériorité apparente de la grande production. Libéraliser les marchés fonciers engendre dès lors des inégalités croissantes, et une moindre efficacité économique globale.
Le contrôle de la terre n’a pas que des enjeux productifs :
> La distribution de la terre reflète la structure de la société, son degré de polarisation, la place qu’y ont les ruraux.
> La terre n’est pas qu’un facteur de production. C’est aussi, simultanément, un patrimoine, un fondement identitaire.
Historiquement, nombreux sont les cas d’exclusion progressive de paysanneries de leurs terres, de négation des droits de sociétés locales sur leurs territoires, voire d’expulsion et de relégation dans des réserves. Corriger ces legs de l’histoire et les inégalités massives dans l’accès à la terre, en cohérence avec les choix de société des pays, sont des impératifs, en termes de lutte contre la pauvreté, de construction d’une société pacifiée, assumant son histoire et sa diversité sociale et culturelle.
Elargir la notion de «droits» en termes de politique foncière, inventer des façons de les traiter et de leur donner une reconnaissance légale, est un des grands défis contemporains. Cela passe sans doute par un raisonnement en termes de sécurisation des droits, c’est-à-dire de processus permettant de les valider et de les garantir.
Des systèmes fonciers composites ne peuvent relever d’une seule gestion publique centralisée. Différentes instances (publiques, coutumières, collectivités territoriales, organisations locales, etc.) peuvent détenir, directement ou par délégation, la responsabilité de gestion d’un espace ou d’une ressource, et doivent disposer du droit de définir des règles et de les faire appliquer. La plupart du temps, en pratique, la gestion foncière est prise en charge par des instances non légales, répondant à des questions non traitées par les dispositions légales. Reconnaître et organiser la coexistence cohérente d’instances diverses, assumant des responsabilités claires, est un des enjeux de la construction d’un dispositif efficace de gestion foncière. Cela relève de la construction d’une gouvernance locale de la gestion des terres et des territoires, au sens où le pouvoir n’est pas monopolisé, mais partagé entre plusieurs sources d’autorité et de légitimité.
Accessibilité réelle, efficience et transparence doivent être les principes de fonctionnement de ces différentes instances, qu’elles soient plus politiques ou plus techniques. Pour éviter que ceux qui ont pu avoir accès à des titres juridiquement valables ne retombent irrémédiablement dans l’informel, il convient donc de perfectionner en même temps les mécanismes d’enregistrement et les mécanismes sociaux susceptibles de les piloter. Les avancées technologiques en matière de télédétection et de topographie, les innovations méthodologiques comme les Plans Fonciers Ruraux en Afrique de l’ouest, ouvrent de nouvelles perspectives, puisque l’arpentage autrefois réservé à des techniciens et exigeant souvent une intervention de l’Etat peut aujourd’hui être réalisé et dirigé par des instances locales.
Une politique foncière n’est pas qu’un moyen pour des politiques économiques, c’est plus largement le cœur du contrat social qui lie entre eux gouvernants et gouvernés, élites et populations. Ni la généralisation de la propriété privée comme unique voie de sécurisation des droits des usagers, ni celle du marché comme unique mode d’allocation des ressources foncières n’apportent de solutions aux problèmes d’aujourd’hui.
Pourquoi pas un design global comme interlocuteur d’une gouvernance foncière respectueuse du contrat social ?
Issu de l’école de Francfort encore, Walter Bendix Schönflies Benjamin est né le 15 juillet 1892 à Berlin.
L’aspect le plus connu de la philosophie de Benjamin concerne sa réflexion sur l’art. On a en particulier retenu la notion d’aura, introduite dans l’œuvre d’art à l’époque de la reproduction mécanisée, notion qui caractérise la spécificité de l’œuvre d’art. L’aura est définie comme «l’apparition unique d’un lointain, aussi proche soit-il». L’aura participe du sacré et la valeur de l’objet d’art en Occident est liée au caractère unique de l’original, caractère qui lui confère une forme d’autorité, au point même que l’exposition de l’œuvre devient superflue.
A l’aura peut alors se substituer aujourd’hui la trace, apparition multiple d’un proche, aussi lointain soit-il. « Dans la trace, nous nous saisissons de la chose, dans l’aura elle s’empare de nous ». Cela revient à politiser l’art (alors que le fascisme restitue la vieille magie et tente d’esthétiser la politique) « Au temps d’Homère, l’Humanité s’offrait en spectacle aux dieux de l’Olympe ; c’est à elle-même aujourd’hui, qu’elle s’offre en spectacle (…) Voilà l’esthétisation de la politique que pratique le fascisme, le communisme y répond par la politisation de l’art »
« L’image peut avoir une relation avec la nature comme la fugue de Bach au Christ. Alors, ce n’est pas une imitation, mais une création analogue. »
La structure d’une chose n’est nullement une chose que nous puissions « inventer ». Nous pouvons seulement la mettre à jour patiemment, humblement en faire connaissance, la « découvrir ».
Celles-ci ne nous ont nullement attendues pour être, et pour être exactement ce qu’elles sont !
Il y a là un mouvement de va-et-vient continuel, ininterrompu, entre l’appréhension des choses, et l’expression de ce qui est appréhendé, par un langage qui s’affine et se re-crée au fil du travail, sous la constante pression du besoin immédiat.
Le design global c’est l’histoire d’une reterritorialisation du langage conceptuel des sociologues et des collectifs y participant, de sa mise en forme au travers d’une renaissance artistique relocalisée tant au niveaux Urbanistique, architectural, que stylistique.
Selon laurent Gervereau
Le retour au local, (« j’aime où je vis ! »), forme alors l’enjeu central des débats idéologiques de demain. Un retour réactionnaire ou un retour tourné vers le futur. Voilà le terrain politique à occuper pour briser la séparation totale entre les citoyens et le choix de leur vivre-en-commun.
Alors, à vos responsabilités!







