Catégorie : Texte parent
-

7- Du design d’éco-village au design global
← retour
Reprenons; le design vient du mot designare, qui signifie à la fois “designer, signifier, tracer, marquer, dessiner, montrer, indiquer, produire, ordonnancer” ; c’est une manière d’être pour améliorer les espaces de vie et de travail, les produits, les codes et les signes dans une démarche industrielle où créativité, innovation, beauté et fonctionnalité s’associent étroitement à l’aide de valeurs et contraintes, de la conception à la réalisation et la production.
♦
Le design global est une démarche créative qui permet à une entreprise d’adopter une conception transversale et plus cohérente dans ses méthodes de communication pour atteindre une meilleure représentation et efficacité.C’est une méthode qui permet à l’entreprise d’évoluer, en sondant chaque étape de son développement, afin de vérifier ses capacités d’innovation et son aptitude à répondre à de nouvelles demandes par une force de proposition qui respecte la cohérence globale voulue.
Le terme « design global », émergent en France, est amené à se développer. Le premier exemple est la nécessité de plus en plus courante des agences de communication à ajouter à leurs compétences celles d’un architecte d’intérieur ou d’un styliste. On remarquera aussi la création de cursus universitaires comme le design d’espace, lié à ceux du stylisme et de la communication visuelle.
♥
Mon travail se situe dans la perspective d’un Design global à dimension publique, Un Design global à l’échelle planétaire, local-global
Ce genre d’idée part d’une intuition longuement mûrie, cela peut prendre des décennies (Octave Nitkowski enfant jouait avec son frère aux playmobils qu’ils utilisaient pour créer de nouvelles institutions politiques). Que fera-t-il de cette sensibilité à l’âge mûr ? Cela pourrait s’inscrire dans le roman social d’anticipation. Et dans le roman social d’anticipation le temps finit toujours par vous rattraper . Mon intuition première c’est que nous avons du mal à nous fixer les rapports d’échelle.
L’échelle, la vraie dans mon roman social c’est le quartier et le monde, et le dilemme de l’artiste c’est de devoir justifier de sa fonction sociale et de retrouver une proximité avec le public. Son rôle ne serait-il pas de s’impliquer dans l’élaboration d’une nouvelle conscience collective et pour ce faire, aborder le travail collectif justement. Nous sommes à l’époque des réseaux et cherchons naturellement un rapprochement avec la nature. La forêt qui pousse en silence ce sont les milliers d’initiatives à travers le monde d’éco-villages, d’écoquartiers urbains et de communautés d’initiatives de transition. Ne serait-ce pas là le commencement d’un cyber-romantisme ? Nous en sommes là, à l’heure d’un choix pas si compliqué que ça, passer en mode éco-citoyen du monde. Dans la pensée contemporaine nous pouvons trouver toutes les réponses à nos questions pour nous construire un avenir et réussir la concorde sociale, mais le chantier est immense.
♣
* Une ville en transition est une ville dans laquelle se déroule une initiative de transition, c’est-à-dire un processus impliquant la communauté et visant à assurer la résilience (capacité à encaisser les crises économiques et/ou écologiques) de la ville face au double défi que représentent le pic pétrolier et le dérèglement climatique.
*Concorde sociale: Union des cœurs et des volontés, qui produit la paix.
♣
Je m’appuie sur le discours de Jonathan DAWSON président du Global Ecovillage Network (Le grand réseau des écovillages dans le monde), point de départ d’une véritable expérience humaine tournée vers l’avenir. Jonathan DAWSON: “Depuis la fin des idéologies (libéralisme et marxisme), nous essayons de trouver un paradigme qui nous assemble durablement. Nous l’avons trouvé avec les communautés de résilience, non centrées sur l’individu, la tribu ou l’Etat. Ce paradigme porte des noms différents, Communautés intentionnelles ou Ecovillages ou Agenda 21 local ou Towns transition ou Plan climat ou Cités jardins… La profusion des termes montre la richesse de cette alternative à la société thermo-industrielle dominante. L’intérêt principal des communautés de résilience, c’est qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle idéologie, mais d’une pratique : comment faire en sorte que sa communauté d’appartenance puisse faire face prochainement aux chocs que sont l’épuisement des ressources fossiles (le pic pétrolier…), le réchauffement climatique, l’éloignement de l’homme par rapport à la nature.”
♠
* Une communauté de résilience est un groupement de personnes structuré et organisé pour s’adapter rapidement au changement, surmonter un traumatisme, tout en maintenant sa cohésion et des relations ouvertes avec le reste du monde.
*société thermo-industrielle “qui a choisi la chaleur comme seul moyen de puissance”.
♦
Il préconise “Une rupture avec l’organisation sociale actuelle” Jonathan DAWSON: “Notre époque est marquée par une rupture profonde du tissu communautaire dans les pays riches du Nord et dans le monde entier. A la fin des années 1980, le déclin en termes de qualité de vie était tangible. L’augmentation des taux de criminalité, de dépressions, de consommation de drogues et de suicides indique très clairement l’anomie croissante vécue par beaucoup. Jamais les écosystèmes n’ont été aussi menacés. Ces cinquante dernières années ont été le théâtre du démantèlement des structures et des connaissances dont nous avons besoin pour survivre. L’intégrité des communautés est passée sous le rouleau compresseur des politiques économiques favorisant la production et la distribution de masse ainsi que la libre circulation des capitaux dans le monde. La société actuelle est à peine capable de satisfaire à ses besoins essentiels à l’aide des compétences, des ressources et des matériaux disponibles localement. Construire ensemble une transition est le grand défi qui attend notre civilisation.”
♣
*L’anomie (du grec / anomía, du préfixe – a- « absence de » et/ nómos « loi, ordre, structure ») est l’état d’une société caractérisée par une désintégration des normes qui règlent la conduite de l’humain et assurent l’ordre social.
♦
Ainsi au cours de la conférence “UN habitat” à Istanbul en 1996, le GEN (Global Ecovillage network) naquit. Il s’agit d’une confédération mondiale de personnes et de communautés qui partagent leurs idées, échangent des technologies et mettent en place des échanges culturels et éducatifs. Le premier T-shirt du GEN portait en gros caractère la mention Welcome To The Future
Suite…

-

6- Une architecture aboutie, auto-construite, autosuffisante
← retour
Sur ce point le programme de l’Internationale Situationniste en 1972 prévoyait de mettre en œuvre des moyens et des méthodes artistiques, non pas pour produire de l’art ou critiquer la politique, mais pour produire de la réalité. La vie réelle de l’individu se concrétise dans son quotidien. C’est seulement dans la subjectivité vécue qu’il peut retrouver la vie dont le spectacle et le spectacle de l’art l’a dépossédé. Partons donc du principe qu’une révolution qui ne changerait pas fondamentalement la réalité quotidienne de tout un chacun ne serait ni plus ni moins qu’une nouvelle forme de domination et de spoliation.
♣
Un rapport d’échelle et de moyens se pose alors, du parlement de quartier aux institutions nationales: Le revenu universel d’insertion. Le partage du travail – que l’on doit toujours entendre dans le sens de partage du travail salarié est une façon de relever le défi de la transformation de notre structure de travail basée sur l’emploi en une structure de travail autonome: une structure mieux adaptée à l’exécution des tâches non-programmables qui constituent la véritable demande de travail d’une société post-industrielle. Il s’agit de travailler plus et de travailler mieux.Travailler plus, globalement, parce que le travail partagé fait que l’on travaille tous. On réintègre les chômeurs, les assistés sociaux et les décrocheurs, ceux qui cessent de participer, les “déserteurs par résignation” de la population active. Ce qu’on veut, c’est un travailleur libéré des heures salariées et qui devienne productif hors de la structure des emplois, productif comme travailleur autonome dans des activités non-programmables qui correspondent vraiment à la demande. Un emploi à temps plus ou moins complet en échange d’un salaire garanti; sous la forme, durant la partie de son temps dont il a été libéré, d’un effort d’apprentissage ou d’un travail en parallèle comme travailleur autonome. C’est cette double approche qui permet de financer la transition. Quand la solidarité le sous-tend au palier des besoins essentiels et qu’il offre à chacun une chance égale de réussir en fonction de ses efforts, le système de libre entreprise dans un contexte d’économie sociale et solidaire est sans doute le meilleur des systèmes économiques.
♠
*Définition des activités non-programmables: activités théoriquement non rentables pour une entreprise de type classique (du point de vue du modèle horaire et contractuel), mais non moins vitales pour la bonne santé du tissu social.
♦
Pour en revenir sur l’impossibilité d’instituer au niveau d’un parlement de quartier un revenu universel d’insertion, la responsabilité de ce parlement de quartier est dès lors de mettre en oeuvre les conditions d’une réponse globale et universelle aux conditions de vie : logement, alimentation, habillement, objets de la vie courante à tout à chacun librement. Pour la réalisation de ces conditions, j’imagine une architecture non pas issue d’une Re-Renaissance mais une architecture aboutie, auto-construite, autosuffisante avec son service public d’échanges (Banque de temps ect…), sa ressourcerie, sa plateforme de mobilité, son Phalansthère écolieu consacrant l’évidence du parlement de quartier, agora vivante, palpitante jour et nuit, capable d’abriter, de nourrir, de prendre soin d’une parcelle représentative du monde. Cela prendrait la forme d’une ONGE abritant l’université populaire, le bureau de design global et le parlement de quartier formant une entité “L’écolieu” inséré dans le réseau globalisé.
Peu importe la structure à l’origine d’un mouvement de la pensée du global-local éco-citoyenne du monde, elle est appelée à se modifier autant que nécessaire. Le seul but étant notre émancipation d’un ordre financier pour une nouvelle politique de civilisation introduite par Edgar Morin.
Suite…

-

5- Démocrasite.com et Design global !
← retour
Pour en revenir à l’idée d’un projet collectif comme celui d’un Design global (local-global), Il s’agit entre autres, de penser et réorganiser son quartier comme le ferait un jardinier japonais à l’aide d’une véritable pensée écologique. Un directeur artistique qui prendrait cette charge, tel un Asger Jorn devant un Bauhaus imaginiste international situationniste, ne pourrait l’assumer seul. L’université populaire de par son histoire est totalement légitime dans cette fonction à ouvrir les portes du savoir à tout être humain désireux de se forger à la pensée écocitoyenne du monde. Elle aurait un rôle fondamental dans l’apport de données et de matières premières au collectif d’artistes ayant pris en charge ce projet de bureau de design global public sous forme de contraintes et d’exigences au projet collectif.
♥
Dans ce cas il s’agit d’aborder directement une pensée alternative, de réfléchir au processus d’autonomisation individuelle et collective et d’entamer des processus qui mènnent à la résilience collective tout en adoptant la philosophie du grand refus à la pensée dominante. Le verdict est unanime au regard du panthéon des penseurs de l’universalité. Nulle solution alternative sans démocratie directe, sans mise en oeuvre effective d’un pouvoir transversal. Un tel projet comme le design global ne peut exister sans son parlement de quartier. Quel impact environnemental le développement de tel réseau nécessaire à l’élaboration de ces parlements de quartier à travers le monde peut-il avoir ? Il s’agit bien de développer dans ce cas une science des réseaux. Le pionnier de la structure holoptique de réseau est Jean-François Noubel. Chercheur, professeur et formateur en intelligence collective globale et fondateur du site thetransitioner.org, il s’inscrit dans la mouvance émergente des créatifs culturels qui tend vers une organisation sociale non pyramidale, soucieux d’une écologie à la fois de l’individu physique et spirituel, de la société et de l’environnement. Il y a aussi l’épistémologie complexe d’Edgar Morin qui se veut ouverte sur un certain nombre de problèmes cognitifs clés et se propose d’examiner non seulement les instruments de connaissance en eux-mêmes, mais aussi les conditions de production (neuro-cérébrales, socio-culturelles) des instruments de connaissance. Donner pleine réalité à la noosphère, c’est reconnaître la vie et l’existence objectives des idées. Les considérer sous l’angle de leur organisation, c’est permettre l’élaboration d’une science des idées ou noologie.
♣
C’est ainsi que le design global introduit à la science de la représentation.Celle des écosystème biologiques et sociaux dans leurs interactions. Celle des réseaux dans leur dynamique, et celle de la représentation que nous nous faisons nous-mêmes collectivement. C’est aussi une science de l’agrégation des compétences pour que chacun y trouve sa place et y apporte son vécu, (l’exemple du Parlement des invisibles de Rosenvallon ou bien l’artiste JR). C’est la proposition d’un cyber-romantisme. C’est une science de l’appropriation des canaux média. C’est un projet d’urbanisme, d’architecture de paysage, d’architecture dite positive, de design de vie, d’objets, de techniques (à ce propos le fait de se doter d’une instance techno-scientifique au sein du bureau de design global est essentiel), de transformation de notre environnement urbain vers des écosystèmes naturels d’un bout à l’autre de notre cadre de vie et des écosystèmes humains vers la résilience.
♦
C’est penser le recyclage total et ce qu’il produit dans notre quotidien. C’est une science de la projection des idées. Le bureau de design c’est entre autres, la maîtrise de la modélisation des interactions de phénomènes hétérogènes concourant à l’autonomie.
Il faut ouvrir les espaces et les perspectives du quartier, renouer avec l’hospitalité, savoir accueillir le voyageur et le migrant, relier les générations, relier les scolarisés et les sédentaires dépendants avec le nomade et les groupes de vie communautaires.
Il faut imaginer le nomade parcourant un champ ouvert suivant une ligne différen-iante de répétition. Il se déplace sur un territoire parfaitement inconnu sans se perdre. Ce n’est pas l’extravagant c’est bien l’expérimentateur et, de ce fait, le résistant qui sait créer, sans voiler les intérêts par les principes, tout en travaillant à vaincre l’angoisse des lendemains dans l’autonomie visée. Le nomadisme se présente comme un “horizon sans toit”, fracture virtuelle, ouverture des lieux, et est synonyme d’une pérégrination qui fortifie les rencontres, multiplie les évènements et adosse la croyance au monde. Cette philosophie soulève la question éthique essentielle d’une action obéissant aux valeurs suprêmes de la liberté, de l’équité, de la vérité, et de la double solidarité biologique et culturelle, s’organisant dans la coexistence des échanges et des donations de sens. La force positive ou utopique d’un concept philosophique dans Ie contexte de la nomadologie peut être mesurée selon deux axes: 1. sa capacité d’intervenir dans ce concept et de transformer nos habitudes de penser et de désirer; 2. sa capacité de donner expression à un devenir ou un mouvement social et alors de prolonger ou augmenter la force sociale de ce devenir, voire la faire propager à d’autres champs sociaux, la faire connecter avec d’autres devenirs. les engagements de la citoyenneté nomade sont pour ainsi dire horizontaux, par contraste avec les engagements verticaux de la citoyenneté normale: les citoyens nomades s’engagent directement avec d’autres gens et d’autres groupes, plutôt qu’avec l’Etat.
La pensée produite par l’université populaire au travers de l’interdisciplinarité induit une telle formulation plastique du projet de société proposé ensuite par le bureau de desing global discuté collectivement par le parlement de quartier jusqu’au consensus permettant ainsi l’action ou la revendication.
Suite…

-

4- Le retour au local est incontournable
← retour
Pour Laurent Gervereau le retour au local est incontournable et impose à l’individu une réflexion sur ses choix. Le phénomène inédit réside dans la diffusion massive de produits partout dans nos vies, nos actes d’achat comme notre capacité d’informer changent totalement le paysage, dès lors que chacune ou chacun a compris son pouvoir. Il est temps en effet de comprendre la nécessité des équilibres sociaux, du micro-quartier aux continents. Tout autre modèle se révèle d’ailleurs contreproductif et explosif. Pourquoi ne pas comprendre la nécessité d’une fédération planétaire relevant de toutes ces structures et apportant des règles consenties de base en liaison avec la perpétuation collective ? La grande révolution à venir est en fait le réveil des individus en réseau prenant conscience de leur pouvoir sur le « visible », sur leur environnement immédiat. Le niveau local devient l’enjeu fondamental du monde à venir, pas un local fermé sur lui-même et émietté mais un local en dialogue mondial constant : local-global ou micro-macro. L’économie est une technique. Nous avons inversé les priorités en mettant les techniciens comme décideurs : la maison doit être construite sous les ordres de l’architecte, pas du plombier. Il faut remettre l’économie sous la volonté politique. Le retour au local, (« j’aime où je vis ! »), forme alors l’enjeu central de débats idéologiques de demain. Un retour réactionnaire ou un retour tourné vers le futur. Voilà le terrain politique à occuper pour briser la séparation totale entre les citoyens et le choix de leur vivre-en-commun.
♠
Les écovillages sont aussi confrontés à leur isolement et leur manque d’intégration au tissu de leurs propres biorégions. Les participants ne possèdent que peu de bras et luttent énormément pour se maintenir à flot. Il ne leur reste alors que peu de ressources à investir au service d’une cause plus vaste. Il semblerait que la réponse à cette situation d’usurpation de nos intérêts par la sphère financière soit dans la revendication politique: Droit au Boycott, Droit de décider des technologies futures, Tribunal moral mondial pour juger les crimes commis contre l’avenir de l’humanité, (voir: certains semenciers criminels et les brevetages du vivant) Les revendications locales portées au niveau national et international comme par exemple, un statut pour la vie en nomade, habitat en structure légère etc.
♦
Mais aussi l’organisation d’alternatives vers l’autonomie alimentaire, passage obligé vers la libération de l’esprit de ses angoisses du ventre. Il faut suivre les recommandations de Pierre Rabhi, Masanobu Fukuoka et Jeremy Rifkin qui nous conduisent vers l’autonomie effective.
Le problème c’est le déluge de messages médiatiques qui ont ébranlé les valeurs traditionnelles et les modes de vie dans le monde. Au Nord, les efforts pour plus d’autosuffisance et de modération ont été balayés par la norme culturelle dominante selon laquelle la qualité de la vie est assimilée aux niveaux de consommation matérielle. L’individualisme croissant de toute la société se reflète au sein des écovillages eux-mêmes. Les individus aspirent à construire leur propre maison et revendiquent plus d’espace privé. Faute de modèle communément reconnus, chaque nouveau groupe est contraint de réinventer la roue”. La voie salvatrice qui nous est donnée c’est surtout le “Grand Refus” d’Herbert Marcuse mais il ne doit pas faire penser à une formulation explicite d’une politique concrète: il s’agit essentiellement d’un discours éthico-philosophique, que certains qualifient d’idéologique, étroitement associé à une revendication hédoniste et à des préoccupations esthétiques.
♣
Les écovillages ne se sont pas développés autant que ce qu’on espérait. Pour gérer la pénurie énergétique à venir, les communautés n’auront pas d’autre choix que de suivre le chemin que les écovillages auront été les premiers à emprunter.
Suite…

-

3- L’écologie est subversive
← retour
Bernard Charbonneau pourrait aussi bien évoquer les grandes lignes de la permaculture quand il soutient que « l’agriculture peut résoudre les contradictions de la société industrielle ». Rétablir une agriculture, cela implique que l’essentiel du secteur agricole et forestier soit rendu à des paysans pratiquant la culture (et non l’exploitation) non épuisante des sols sans nuire à la nature et à la qualité. Cela suppose que la priorité soit accordée au machinisme léger sur le lourd, au procédé naturel sur la chimie, à la polyculture sur la monoculture épuisante. Et que le paysan vivant sur et de sa terre, ni trop petite ni trop grande, remplace le prolétaire ou le capitaliste de l’exploitation agrochimique. Un avenir plus pauvre en pétrole pourrait, si l’on y consacre à l’avance assez de réflexion et d’imagination, être préférable à notre présent. Un futur plus sobre en énergie et plus résilient ne signifie pas forcément de jouir d’une qualité de vie inférieure à celle du présent. Au contraire, il faut aider les campagnes et les pays à revivre », sur la base « d’une autre technologie, plus légère, qui utiliserait l’eau sans la souiller, » à l’exemple des « moulins qui contribuent à l’agrément et à la stabilité des cours d’eau ». Une telle industrie aurait l’avantage de peupler l’espace en utilisant plus de main d’oeuvre et l’on aurait mis fin à cette schizophrénie du travail et du loisir qui dissocie l’homme
♥.
L’approche de Transition est « motivée par l’espoir, l’optimisme et l’action préventive ». La route infinie commence à nos pieds nous dit Charbonneau.
♣
Adorno lui, critique très sévèrement ce qu’il appelle l’industrie culturelle, il l’accuse de complicité dans la formation de la personnalité autoritaire. Il part de l’hypothèse selon laquelle les convictions politiques, économiques et sociales d’un individu forment un modèle cohérent, comme si elles étaient reliées par une mentalité ou un esprit qui est l’expression profonde de sa personnalité. Il cherche à comprendre comment certaines structures mentales conduisent à la formation de cette personnalité autoritaire, qui contient potentiellement le germe du fascisme. La véritable cause de l’antisémitisme qui n’est qu’un leurre interchangeable est dans une forme de paranoïa, une forme de projection morbide qui conduit le sujet à attribuer à son objet ses propres pulsions tabous, et à les sacrifier, en même temps que cette haine dissimule une aspiration secrète. Tel est le mensonge du fascisme. Sous la pression économique, le système hallucinatoire devient une norme. La paranoïa un délire de masse véhiculé par les média. Pourquoi l’humanité, au lieu de s’engager dans des formes humaines, sombre dans une nouvelle forme de barbarie ? En tâchant d’expliquer la disposition des masses à se laisser fasciner par le despotisme, en expliquant le processus d’« autodestruction de la raison » et de « régression vers la mythologie » Adorno revisite la pensée des lumiéres jusqu’a la transformation sociale dans la société technologique.
♣
Pour Cornélius Castoriadis il ne peut pas y avoir de vie sociale qui n’accorde une importance centrale à l’environnement dans lequel elle se déroule. l’écologie peut très bien être intégrée dans une idéologie néo-fasciste. Face à une catastrophe écologique mondiale, par exemple, on voit très bien des régimes autoritaires imposant des restrictions draconiennes à une population affolée et apathique. L’écologie correctement conçue ne fait pas de la nature une divinité. La religion projetait sur les puissances divines des attributs essentiellement anthropocentriques, et c’est précisément en cela qu’elle donnait sens à tout ce qui est. Mais en même temps elle rappelait à l’homme sa limitation, elle lui rappelait que l’Etre est insondable et non maîtrisable. Or une écologie intégrée dans un projet politique d’autonomie doit à la fois indiquer cette limitation de l’homme, et lui rappeler que l’Etre n’a pas de sens, que c’est nous qui créons le sens à nos risques et périls. L’écologie est subversive car elle remet en question l’imaginaire capitaliste qui domine la planète. Elle en récuse le motif central selon lequel notre destin est d’augmenter sans cesse la production et la consommation.
♦
Les péres de la subversion, Karl Heinrich Marx le sociologue, Carl Gustav Jung l’alchimiste, Karl Polanyi l’antropologue
Selon eux,
Du point de vue économique, la terre est d’abord un facteur de production, et les politiques foncières un moyen au service des politiques agricoles : il s’agit de favoriser les exploitations considérées comme efficaces. Les travaux de recherche en économie convergent pour reconnaître les performances de l’agriculture familiale: il n’y a que peu d’économies d’échelles en agriculture, les performances économiques sont souvent en relation inverse avec la taille de l’exploitation. Elle seule permet d’optimiser l’utilisation des ressources tout en distribuant les revenus en milieu rural. Dans la plupart des cas, seules les fortes distorsions dans l’accès à la terre, au crédit, aux marchés expliquent la supériorité apparente de la grande production. Libéraliser les marchés fonciers engendre dès lors des inégalités croissantes, et une moindre efficacité économique globale.
Le contrôle de la terre n’a pas que des enjeux productifs :
> La distribution de la terre reflète la structure de la société, son degré de polarisation, la place qu’y ont les ruraux.
> La terre n’est pas qu’un facteur de production. C’est aussi, simultanément, un patrimoine, un fondement identitaire.
Historiquement, nombreux sont les cas d’exclusion progressive de paysanneries de leurs terres, de négation des droits de sociétés locales sur leurs territoires, voire d’expulsion et de relégation dans des réserves. Corriger ces legs de l’histoire et les inégalités massives dans l’accès à la terre, en cohérence avec les choix de société des pays, sont des impératifs, en termes de lutte contre la pauvreté, de construction d’une société pacifiée, assumant son histoire et sa diversité sociale et culturelle.
Elargir la notion de «droits» en termes de politique foncière, inventer des façons de les traiter et de leur donner une reconnaissance légale, est un des grands défis contemporains. Cela passe sans doute par un raisonnement en termes de sécurisation des droits, c’est-à-dire de processus permettant de les valider et de les garantir.
Des systèmes fonciers composites ne peuvent relever d’une seule gestion publique centralisée. Différentes instances (publiques, coutumières, collectivités territoriales, organisations locales, etc.) peuvent détenir, directement ou par délégation, la responsabilité de gestion d’un espace ou d’une ressource, et doivent disposer du droit de définir des règles et de les faire appliquer. La plupart du temps, en pratique, la gestion foncière est prise en charge par des instances non légales, répondant à des questions non traitées par les dispositions légales. Reconnaître et organiser la coexistence cohérente d’instances diverses, assumant des responsabilités claires, est un des enjeux de la construction d’un dispositif efficace de gestion foncière. Cela relève de la construction d’une gouvernance locale de la gestion des terres et des territoires, au sens où le pouvoir n’est pas monopolisé, mais partagé entre plusieurs sources d’autorité et de légitimité.
Accessibilité réelle, efficience et transparence doivent être les principes de fonctionnement de ces différentes instances, qu’elles soient plus politiques ou plus techniques. Pour éviter que ceux qui ont pu avoir accès à des titres juridiquement valables ne retombent irrémédiablement dans l’informel, il convient donc de perfectionner en même temps les mécanismes d’enregistrement et les mécanismes sociaux susceptibles de les piloter. Les avancées technologiques en matière de télédétection et de topographie, les innovations méthodologiques comme les Plans Fonciers Ruraux en Afrique de l’ouest, ouvrent de nouvelles perspectives, puisque l’arpentage autrefois réservé à des techniciens et exigeant souvent une intervention de l’Etat peut aujourd’hui être réalisé et dirigé par des instances locales.
Une politique foncière n’est pas qu’un moyen pour des politiques économiques, c’est plus largement le cœur du contrat social qui lie entre eux gouvernants et gouvernés, élites et populations. Ni la généralisation de la propriété privée comme unique voie de sécurisation des droits des usagers, ni celle du marché comme unique mode d’allocation des ressources foncières n’apportent de solutions aux problèmes d’aujourd’hui.
Pourquoi pas un design global comme interlocuteur d’une gouvernance foncière respectueuse du contrat social ?
Issu de l’école de Francfort encore, Walter Bendix Schönflies Benjamin est né le 15 juillet 1892 à Berlin.
L’aspect le plus connu de la philosophie de Benjamin concerne sa réflexion sur l’art. On a en particulier retenu la notion d’aura, introduite dans l’œuvre d’art à l’époque de la reproduction mécanisée, notion qui caractérise la spécificité de l’œuvre d’art. L’aura est définie comme «l’apparition unique d’un lointain, aussi proche soit-il». L’aura participe du sacré et la valeur de l’objet d’art en Occident est liée au caractère unique de l’original, caractère qui lui confère une forme d’autorité, au point même que l’exposition de l’œuvre devient superflue.A l’aura peut alors se substituer aujourd’hui la trace, apparition multiple d’un proche, aussi lointain soit-il. « Dans la trace, nous nous saisissons de la chose, dans l’aura elle s’empare de nous ». Cela revient à politiser l’art (alors que le fascisme restitue la vieille magie et tente d’esthétiser la politique) « Au temps d’Homère, l’Humanité s’offrait en spectacle aux dieux de l’Olympe ; c’est à elle-même aujourd’hui, qu’elle s’offre en spectacle (…) Voilà l’esthétisation de la politique que pratique le fascisme, le communisme y répond par la politisation de l’art »
« L’image peut avoir une relation avec la nature comme la fugue de Bach au Christ. Alors, ce n’est pas une imitation, mais une création analogue. »
La structure d’une chose n’est nullement une chose que nous puissions « inventer ». Nous pouvons seulement la mettre à jour patiemment, humblement en faire connaissance, la « découvrir ».
Celles-ci ne nous ont nullement attendues pour être, et pour être exactement ce qu’elles sont !
Il y a là un mouvement de va-et-vient continuel, ininterrompu, entre l’appréhension des choses, et l’expression de ce qui est appréhendé, par un langage qui s’affine et se re-crée au fil du travail, sous la constante pression du besoin immédiat.
Le design global c’est l’histoire d’une reterritorialisation du langage conceptuel des sociologues et des collectifs y participant, de sa mise en forme au travers d’une renaissance artistique relocalisée tant au niveaux Urbanistique, architectural, que stylistique.
Selon laurent Gervereau
Le retour au local, (« j’aime où je vis ! »), forme alors l’enjeu central des débats idéologiques de demain. Un retour réactionnaire ou un retour tourné vers le futur. Voilà le terrain politique à occuper pour briser la séparation totale entre les citoyens et le choix de leur vivre-en-commun.
Alors, à vos responsabilités!
Suite…

-

2- Des tuteurs pour penser le monde
← retour
À ce sujet certains penseurs issus de la philosophie des lumières nous indiquent une direction. Herbert Marcuse avance que ce qu’il appelle la « société industrielle avancée » crée des besoins illusoires qui permettent d’intégrer les individus au système de production et de consommation par le truchement des mass media, de la publicité et de la morale. A la question fondamentale, qui entraîne celui des moyens de la transformation sociale, Marcuse tente de répondre en réaffirmant tout d’abord les fondements biologiques , c’est à dire psycho-émotionnels, du socialisme et la nécessité d’une nouvelle sensibilité à dimension ludique, hédonique, esthétique en révolte contre la raison répressive et invoquant le pouvoir émancipateur de l’imagination. Il préconise l’éclosion des désirs, la transformation de la sexualité en Eros, l’abolition du travail aliéné et l’avènement d’une science et d’une technique et technologie nouvelles, qui seront au service de l’être humain. L’art semble ainsi être la voie la plus sûre de notre épanouissement. Il est pour une « liberté de jouer.» Il rappelle que la réalité devrait perdre de son caractère sérieux, pour donner plus de liberté à l’individu d’exploiter son potentiel imaginatif.
♦
Cornélius castoriadis complète ce point de vue en expliquant que les sociétés hétéronomes sont celles qui se représentent leurs institutions et leurs valeurs comme indubitablement vraies et justes, estimant qu’elles possèdent un fondement absolu, celui-ci pouvant être Dieu ou les dieux, les Ancêtres, la Nature Humaine, ou encore, dans un registre plus contemporain, les « lois » de l’histoire ou de l’économie. Par opposition à une société hétéronome et à son « imaginaire », pour lesquelles les significations et institutions sociales sont posées comme indiscutables, une société autonome correspond pour Castoriadis à une société qui entame une dynamique « d’interrogation illimitée » sur ce que sont la justice et la vérité, à partir de la prise de conscience que toutes deux (justice et vérité) renvoient à des questions non susceptibles d’être résolues de manière définitive. Cette rupture, Castoriadis la rapporte à deux activités qu’il associe sans cependant les confondre: la philosophie, ayant pour objet la question de la vérité, et la politique, concernant la question de la justice. Une société est donc autonome si, sachant qu’elle est à l’origine de sa propre création, elle est capable de s’interroger en permanence sur la validité de ses institutions, de ses lois, de ses normes, et par suite, de les transformer. Liberté et égalité ne s’opposeraient donc pas mais seraient au contraire deux notions indissociables: on ne peut être dit libre, d’après Castoriadis, que si l’on n’est dominé par personne, si donc personne n’a plus de pouvoir que soi pour décider des règles communes qui nous concerneront.
♣
Sur le plan culturel le concept d’unité dans la diversité est l’une des caractéristiques importantes de l’expérience communautaire. Il s’agit entre autres du holisme en écologie : Changer tout élément affecte à terme le système, changer le système affecte à terme tout élément. L’holisme ontologique est une conception selon laquelle un « tout » (organisme, société, ensemble symbolique) est plus que la somme de ses parties, ou autre qu’elle. Il faut rattacher à cette définition ce que l’on nomme « le principe d’émergence » : un « tout » n’est pas un simple agrégat. À partir d’un certain seuil critique de complexité, les systèmes voient apparaître de nouvelles propriétés, dites propriétés émergentes. C’est sur ces principes qu’Edgar Morin s’appuyant sur une vision cosmique de l’aventure humaine, où création et hasards jouent un rôle essentiel, propose une philosophie de la « condition humaine » qui devrait servir de fondement à « l’identité terrienne » de l’Humanité.
Suite…

-

1- Interprétation de «Politique de civilisation»
← retour
Dans le cadre d’une Organisation Non Gouvernementale Environnementale nous pourrions constituer des cellules à travers le monde nommées “écolieu” qui formeraient chacunes un parlement de quartier, une université populaire et un bureau de design global, structure collégiale capable de proposer à la population un projet de société, des solutions concrètes pour la vie de tous les jours et développer la conscience des citoyens pour l’émancipation et le bonheur de nouveaux éco-citoyens du monde.
L’échelle, la vraie dans le roman social c’est le quartier et le monde, et le dilemme de l’artiste c’est de devoir justifier de sa fonction sociale qui, il me semble, est centrale dans la société, et de retrouver une proximité avec le public.
Son rôle ne serait-il pas de s’impliquer dans l’élaboration d’une nouvelle conscience collective et pour ce faire, aborder le travail collectif justement.
Dans la pensée contemporaine nous pouvons trouver toutes les réponses à nos questions pour nous construire un avenir et réussir la concorde sociale. La solution est selon moi dans le design. Définition: Le design vient du mot designare, qui signifie à la fois “designer, signifier, tracer, marquer, dessiner, montrer, indiquer, produire, ordonnancer”, c’est-à dire tous les outils de façonnage de notre environnement. Question ! Comment faire en sorte que sa communauté d’appartenance puisse faire face prochainement aux chocs que sont l’épuisement des ressources fossiles (le pic pétrolier…), le réchauffement climatique, l’éloignement de l’homme par rapport à la nature.”
C’est la question à laquelle le GEN tente de répondre. Le (Global Ecovillage network) est une confédération mondiale de personnes et de communautés qui partagent ces idées de résilience et de concorde, échangent des technologies et mettent en place des échanges culturels et éducatifs alternatifs.Trouver des formes de gouvernance favorisant l’intégration est l’une des tâches les plus difficiles à laquelle les écovillages doivent faire face.Suite…


